Ce que je pense de Marie Kondo
Marie Kondo a lancé une boutique en ligne. Et oui, juste avant Noël.
De beaux objets, pas trop, choisis avec soin, qu’elle affectionne particulièrement et qui contribuent à adoucir son quotidien : théières et bols, diffuseurs d’huiles essentielles, pantoufles et objets décoratifs, entre autres choses.
Devant mon ordinateur, alors que défilent sous mes yeux les photos aux tons neutres de ces objets qui me promettent le calme intérieur et la chaleur d’un après-midi au spa, je me dit : ça y est, elle l’a fait.
C’est vrai, l’exercice de désencombrement que je propose dans le cadre des activités d’Allo printemps est souvent comparé à celui que prône Marie Kondo.
Et je comprends pourquoi. En apparence, les deux démarches ont beaucoup en commun : le processus d’épuration, l’énergie positive qui s’en dégage, même les résultats sur le bien-être et l’espace peuvent se ressembler. Mais c’est en profondeur, dans les valeurs qui motivent et orientent l’exercice, que les différences entre nos méthodes se révèlent.
C’est simple, contrairement à Allo printemps, Marie Kondo n’a pas une approche minimaliste. L’exercice qu’elle propose ne s’accompagne jamais de réflexions sur nos besoins réels, notre façon de consommer ou notre désir de posséder, au contraire. En nous invitant à sélectionner les objets à conserver en fonction de la joie qu’ils nous apportent, elle renforce l’idée selon laquelle les objets devraient contribuer à nous rendre heureux. On pourrait même croire qu’elle invite, en fait, à posséder plus. Pire, elle propose elle-même des objets censés nous procurer de la joie, une offre paradoxale alors qu’une des grandes qualités du désencombrement est justement de réclamer notre capacité à faire des choix sans nous laisser influencer par ce que pourraient en penser les autres.
Elle semble nous dire :
Entourez-vous uniquement d’objets qui vous apportent de la joie, mais aussi de tous les objets qui vous apportent de la joie. Voici ceux qui m’en procurent, ils vous rendront peut-être heureux aussi.
Et voici, ce que je vous dirai :
Je ne crois pas qu’on doive mettre l’emphase sur la joie que nous apportent les objets.
Je crois plutôt qu’on doit chercher à faire de la place dans notre vie pour les personnes, les activités et les situations qui nous rendent heureux. Évidemment, on pourra choisir de garder les choses que l’on aime. Mais après s’être posé aussi plein d’autres questions qui nous aurons confirmé que ces choses méritent leur place dans notre vie. On les choisira pour ce qu’elles nous permettent de vivre et pour ce qu’elles peuvent nous apporter.
Je crois aussi qu’au passage, il sera pertinent de questionner nos besoins et de réfléchir à l’impact de notre manière de consommer et de disposer des choses que l’on consomme.
Enfin, cet exercice sera l’occasion de reprendre confiance dans notre capacité à décider nous-mêmes ce qui a de l’importance dans nos vies et ce qui mérite d’y occuper de l’espace, sans subir l’influence du bon goût de qui que ce soit.
Une chose est certaine, il m’apparaît insensé de cultiver l’attachement et la dépendance aux objets sur la base de la joie supposément physique qu’ils devraient nous apporter. Pour moi, cela équivaudrait à encourager une aliénation contraire aux besoins criants de notre époque, une époque marquée par des humains et une nature à bout de souffle et à bout de ressources.